Si l’on devait se pencher sur l’histoire de la langue arabe et en comprendre sa structure, il serait alors impensable de faire l’impasse sur la connaissance d’une science qui en dicte les règles : la grammaire. En effet celle-ci occupe une place centrale dans la compréhension et la pratique d’une langue. Une petite rétrospective s’impose : retour sur les origines de la grammaire arabe avec vous.
Il était une fois la grammaire arabe
Explorer les origines de la grammaire arabe, c’est remonter le temps jusqu’aux compagnons du Prophète (Paix et bénédiction sur lui). As-Suyuti réunit les traditions concernant la formation de cette science à travers son recueil Al-Ahbar al-marwiyya fî sabab wad’ al-‘arabiyya. Ainsi selon elles, c’est sous le califat de Ali que le célèbre tabi’i Abu l-Aswad al-Du’ali fut encouragé à se pencher sur l’étude grammaticale.
Une injonction du Calife Ali (radhiyaLahou 3anhou)
Ali (Qu’Allah soit satisfait de lui) lui aurait dit : « unhur » c’est-à-dire « engage-toi dans cette voie » qui donna le nom de «nawh» et en fit une science. On rapporte néanmoins que ce serait suite à une faute dans la récitation coranique d’un homme que al-Du’ali se décida à mettre par écrit les règles relatives à la grammaire. Une autre version quant à elle fait état d’un mawla (nouveau converti) qui fauta dans son langage et interpella le futur grammairien.
Un besoin de perfection
Toute science naît d’un besoin. Les arabes étaient soucieux de parfaire leur récitation du Coran et d’en écarter toute éventuelle faute de leur part. Ajoutons que l’interprétation des versets ou des hadiths était un travail scrupuleux nécessitant donc une certaine rigueur. Sans oublier les conversions en masse qui s’opérèrent durant les premières expéditions au IIème siècle de l’hégire et qui demandaient, elles aussi, un enseignement correct de la langue. À une époque où les sciences arabes étaient influencées par les cultures grecques, indiennes ou persanes, la grammaire arabe fut la moins touchée si ce n’est par une logique aristotélicienne. C’est pourquoi nous pouvons la considérer comme une science purement arabe.
Sibawayhi : une référence incontestable en grammaire arabe
Par ailleurs deux centres d’études grammaticales virent le jour à Basra et Kuffa. Le Kitab de Sibawayhi fut le résultat d’un long travail d’une génération entière et regroupa l’essentiel de la grammaire. Ce fut un travail de longue haleine nécessitant l’observation de la langue des bédouins, l’étude de la qasida, du Coran, des proverbes et récits divers.
Un héritage qui se perpétue
Sibawayhi cite dans son Kitab Abd Allah bn Abi Ishaq (mort en 117) qui ne pourrait être autre que le plus ancien grammairien. Ainsi, les premiers grammairiens à Basra sont : Isa bn Umar al-Taqafi (m. 149), Al Halil (m.175), Sibawayhi (m.177), Yunus bn Habib (m.182). Le véritable et seul grammairien à Kuffa fut Al-Farra’ (m. 207). Les grammairiens qui suivirent s’inspirèrent du travail de leurs prédécesseurs et firent rayonner leurs œuvres bien plus encore.
Bien qu’il soit difficile de s’assurer de l’exactitude de l’histoire de la grammaire arabe en raison des contradictions, mais aussi de la disparition des ouvrages lors des guerres qui mirent à feu les bibliothèques, nul doute que cette époque fut à l’origine de l’émergence d’une véritable science linguistique. Une science linguistique qui occupe désormais une place centrale dans l’apprentissage de la langue arabe. Langue que l’on aime à vous transmettre dans notre institut !
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